L’univers du luxe et du divertissement en France est dominé par quelques noms emblématiques, mais peu possèdent une histoire aussi riche et complexe que celle de la Société de Participation Deauvillaise. Cette entité, véritable pilier de l’industrie hôtelière et des jeux d’argent, incarne une tradition qui remonte au début du XXe siècle. Tout a commencé par une vision audacieuse à Deauville, une station balnéaire qui allait devenir le symbole de l’élégance à la française. L’histoire débute véritablement en 1912, une année charnière où Eugène Cornuché, après avoir quitté ses fonctions à Trouville suite à la municipalisation du casino, s’associe à François André. Ensemble, ils inaugurent le casino de Deauville et l’hôtel Normandy, posant ainsi les bases d’un empire. François André, figure tutélaire, ne s’est pas contenté de gérer des établissements ; il a inventé un concept, celui du « resort à la française ». Son idée était révolutionnaire pour l’époque : réunir dans un même périmètre géographique des hôtels de grand standing, un casino pour le frisson du jeu et des installations sportives de premier plan, comme le golf et le tennis, afin de capter et de fidéliser une clientèle aisée en quête de loisirs complets.

La transmission familiale est au cœur de l’ADN de cette entreprise. En 1951, Lucien Barrière, le neveu de François André, rejoint l’aventure. N’ayant pas d’héritier direct, l’oncle désigne son neveu comme légataire universel en 1961. C’est Lucien qui donnera son nom à la marque commerciale que nous connaissons aujourd’hui et qui structurera le groupe moderne. Il a su moderniser l’héritage tout en conservant l’esprit des fondateurs. Cependant, l’histoire de cette dynastie n’est pas exempte de tragédies et de défis majeurs. La disparition soudaine de Lucien en 1990, victime d’une crise cardiaque, propulse sa fille adoptive, Diane Barrière-Desseigne, à la tête de l’empire. Elle insufflera une nouvelle dynamique, liant notamment l’image des hôtels Normandy et Royal au prestigieux festival du film américain de Deauville. Malheureusement, son destin bascule en 1995 lors d’un grave accident d’avion, la laissant lourdement handicapée jusqu’à son décès en 2001. Durant cette période difficile et après sa disparition, c’est son époux, Dominique Desseigne, qui prend les rênes, assurant une codirection puis une direction unique qui durera plus de deux décennies.

Sous l’ère de Dominique Desseigne, l’entreprise a connu une expansion sans précédent, notamment à l’international, tout en consolidant ses bases françaises. C’est une période marquée par des alliances stratégiques et des développements immobiliers d’envergure. Pour comprendre la chronologie complexe de cette succession et les figures clés qui ont façonné ce géant, voici un récapitulatif des grandes ères de gouvernance :

  • L’ère des Fondateurs (1912-1961) : L’impulsion initiale donnée par Eugène Cornuché et consolidée par François André, créateur du modèle de villégiature de luxe.
  • L’ère de la Consolidation (1961-1990) : Lucien Barrière unifie les actifs et développe la marque, naviguant à travers les évolutions réglementaires des jeux, notamment l’autorisation des machines à sous en 1987.
  • L’ère du Rayonnement (1990-2001) : Diane Barrière-Desseigne apporte une touche de glamour et rénove le patrimoine hôtelier, malgré les épreuves personnelles.
  • L’ère de l’Expansion (2001-2023) : Dominique Desseigne internationalise le groupe (Suisse, Maroc, Égypte) et diversifie les activités (Hôtel Fouquet’s, paris en ligne).
  • L’ère Nouvelle (Depuis 2023) : La prise de pouvoir par la quatrième génération, Alexandre Barrière et Joy Desseigne-Barrière, marquant un retour au contrôle familial total.

Cette dernière transition, survenue en 2023, ne s’est pas faite sans heurts. Elle représente un tournant majeur, voire une rupture. Alexandre Barrière, né en 1987, et sa sœur Joy, née en 1990, ont repris le flambeau dans un contexte que certains observateurs et collaborateurs ont qualifié de complexe, évoquant même des tensions familiales dignes d’un roman. En effet, le rachat des parts de la société Fimalac, qui détenait 40% du capital, a permis à la famille de récupérer l’intégralité du contrôle de la holding, la Société de Participation Deauvillaise. Cette opération, chiffrée à 325 millions d’euros, a scellé la fin de la gouvernance opérationnelle de Dominique Desseigne. Bien que nommé président d’honneur, ce dernier s’est vu retirer ses fonctions dirigeantes suite à une stratégie juridique menée par son fils, Alexandre. Ce conflit intergénérationnel portait notamment sur les dispositions testamentaires de Diane Barrière-Desseigne et des accusations d’abus de faiblesse, créant une atmosphère de « putsch » au sein du directoire.

Aujourd’hui, la structure est claire : Alexandre préside la holding faîtière, tandis que Joy dirige les conseils d’administration des entités clés comme la Société Fermière du Casino Municipal de Cannes (SFCMC). Ensemble, ils pilotent un navire amiral qui compte des milliers d’employés et génère un chiffre d’affaires dépassant le milliard d’euros. Leur défi est de maintenir la croissance dans un secteur en mutation, post-Covid, tout en préservant l’héritage de leurs ancêtres. Si vous souhaitez explorer davantage les détails de cette fascinante histoire d’entreprise, par ici, vous trouverez une continuité dans l’excellence qui définit leur parcours. Le groupe ne se résume pas à ses querelles de succession ; il est avant tout une machine économique puissante, possédant des adresses mythiques comme le Fouquet’s à Paris ou le Majestic à Cannes.

L’avenir de cette entité repose désormais sur la capacité de la nouvelle génération à innover. L’histoire nous a montré que chaque dirigeant a apporté sa pierre à l’édifice : François André a posé les fondations, Lucien a construit les murs, Diane a décoré l’intérieur, et Dominique a agrandi la maison. Il reste à voir quelle sera la marque indélébile laissée par Alexandre et Joy. Entre la gestion des actifs historiques, l’adaptation aux nouvelles technologies de jeu en ligne comme BarrièreBet, et la nécessité de maintenir un service de luxe irréprochable, la tâche est immense. Le passé glorieux de Deauville et de La Baule sert de socle, mais c’est bien vers l’avenir et l’international que les regards sont désormais tournés, perpétuant ainsi la vision initiale d’un divertissement global et raffiné.